bibliothèque rayon "Voix d'Asie"

George Soulié de Morant

Soulié de Morant est né à Paris en 1878. Il mourut également à Paris en 1955. Mais entretemps, il connut la Chine et fut l'un des pionniers de l'acupuncture. Il apprit le Chinois très jeune grâce à son précepteur, qui était jésuite. A cette époque, les prètres-jésuites maintenaient une tradition d'étude et d'éducation. Ils étaient considérés comme les grands spécialistes du chinois. A vingt ans, George commence a travailler. Il rentre dans une banque qui décide de l'envoyer en Chine. C'était en 1901. Dans ces années, le béribéri et le choléra ravageaient de grandes régions de Chine. George put constater les mérites de l'acupuncture à cette occasion. Il étudie alors les livres de médecine mais aussi la littérature, la philosophie, l'histoire chinoises. Son souhait est de vivre en Chine suffisamment longtemps pour en comprendre la pensée et la civilisation. Il parvient à entrer au Ministère des Affaires Etrangères. Il est d'abord Vice Consul puis Consul à Shanghai. Puis il est nommé Consul à Kunming, qu'on appelait alors Yunnan Fu. Une épidémie de choléra sévissait. Avec des médecins chinois, il étudie l'acupuncture. Il pratique avec eux et finalement, le gouverneur du Yunnan lui accorde son diplôme de médecin-acupuncteur. Avant de rentrer en France, en 1928, il occupe encore la fonction de Juge au tribunal mixte (franco-chinois) de Shanghai et aura également le titre d'expert médical auprès de ce tribunal. Le retour en France ne sera pas facile. Son diplôme n'est pas reconnu par l'ordre des médecins français. Pendant un séjour à La Bourboule, il rencontre trois médecins-homéopathes. Ce sont les docteurs Marcel, Martiny et Ferreyroles. Ils l'aident à ouvrir un service à l'Hôpital Bichat sous la responsabilité du docteur Flandrin. Il commence à former ses premiers disciples : Lavergne, Sauvageot, Bonnet-Lemaire qui formeront à leur tour des disciples. Soulié de Morant ne fut pas exactement le premier à introduire l'acupuncture en France mais il fut le premier à former des médecins et à avoir des élèves. Ses quelques prédecesseurs n'étaient pas toujours de grands spécialistes mais ils ont fait un travail de pionniers en lisant des textes, en cherchant à en savoir plus. Le docteur Berlioz par exemple (le père du musicien) vers 1810, le docteur Jules Cloquet, le consul Dabry qui publie un livre sur la médecine chinoise en 1863,le docteur Trousseau (dont un boulevard et un hôpital portent le nom) qui publia un traité de thérapeutique en 1858 dont un paragraphe est consacré à l'acupuncture. Mais c'est George Soulié de morant qui donna son rayonnement à l'acupuncture. Il écrivit de nombreux articles dans les revues : le pouls chinois, l'énergie vitale et sa circulation en fonction des heures et des saisons en tout une soixantaine d'articles. Il finit par susciter des réactions d'hostilité dans le corps médical. Son service est fermé. Sa carrière de diplomate lui évite des poursuites judiciaires pour exercice illégal de la médecine. Il travaille alors à son fameux traité qui le rendra célèbre "Précis de la vraie acupuncture chinoise". Ce livre est publié en 1934 au Mercure de France. Soulié de Morant commence son second ouvrage qui devait être son oeuvre magistrale et qui ne sera publié qu'après sa mort. L'Acupuncture Chinoise. Son traité est d'une très grande valeur et de nombreux acupuncteurs français y trouvent de précieuses indications. Mais de plus, c'est un excellent témoignage sur les connaissances et les pratiques au début du 20e siècle. Il a écrit aussi des livres sur la Chine et sa civilisation : - La Musique en Chine (1911), - Essai sur la Littérature chinoise (1921), - Théâtre et musique en Chine (1926), - Histoire de l'Art chinois (1928), - Les Jésuites en Chine (1928), - Confucius (1929), - Histoire de la Chine (1929), - Sun Yat Sen (1932). Il a écrit des traités de droit international et même sept romans. Il a aussi traduit des poèmes de l'époque des Song, des contes, l'histoire de Yang Kuifei, les entretiens de Confucius. Nous devons à George Soulié de Morant la gratitude d'avoir su créer des liens irremplaçable entre la Chine et la France et aussi plus particulièrement avec le Yunnan. Nous lui devons aussi d'avoir fait connaître l'acupuncture au-delà des mers pour le bienfait de l'humanité. Il mérite que l'on se souvienne de lui.

Serge Leclercq, Georges Charles, Tokyo, 2 avril 2000

 

Cet article vient d'être publié en chinois dans la revue internationale de la province du Yunnan.

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