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COULEZ MES LARMES

Coulez mes larmes, jaillissez de vos sources !

Exilé pour toujours, laissez-moi m'affliger.

Où les oiseaux noirs de la nuit chantent leur triste infamie,

Là, laissez-moi vivre abandonné.

Cessez, vaines lumières, ne brillez plus,

Aucune nuit n'est assez sombre pour celui

Qui, dans le désespoir, déplore sa dernière fortune,

Fait de la lumière mais dévoile sa honte.

Jamais mes chagrins ne pourront être consolés,

Depuis que la pitié s'est enfuie,

Et les larmes, et les sanglots, et les plaintes, mes jours lassés

De toutes joies sont dépourvus.

De la plus haute volute du plaisir,

Ma fortune s'est effondrée,

Et la peur, et la peine et la douleur dans ce désert

Sont mes espoirs depuis que l'espoir a déserté.

Ecoutez, vous les ombres qui dans l'ombre demeurez,

Apprenez à mépriser la lumière

Heureux, heureux ceux qui en enfer

Ne sentent pas le dédain du monde.

John Dowland (1563-1626)

(traduction: Serge Leclercq)

Note : Un roman de P.K Dick intitulé "Flow my tears, the policeman said" fut traduit par "Le Prisme du néant". Il s'agissait donc, en réalité, d'une citation du compositeur John Dowland. Dick cite plusieurs de ses poèmes dans différents romans.